Quel est l’impact écologique des robes Shein ?

robes Shein

L’ultrafast fashion connaît une croissance fulgurante depuis quelques années, avec des acteurs comme Shein qui dominent ce marché. Cette entreprise chinoise, fondée en 2008, est devenue un géant mondial qui transforme notre façon de consommer la mode. Mais derrière les prix attractifs et le catalogue immense se cache une réalité environnementale préoccupante. Les robes Shein et autres vêtements à prix cassés représentent un modèle économique dont l’impact écologique soulève de sérieuses questions. Pour comprendre l’ampleur du phénomène, examinons les différentes facettes de cette problématique qui touche aussi bien l’environnement que nos habitudes de consommation.

Le gigantesque système de production de Shein et ses conséquences

systeme-de-production-de-Shein-1024x683 Quel est l’impact écologique des robes Shein ?

Shein a révolutionné le marché de la mode avec un modèle d’affaires basé sur la surabondance et les prix ultra-bas. L’entreprise propose environ 470 000 modèles simultanément sur son site, soit près de 19 fois plus qu’une marque française traditionnelle et largement au-dessus des 25 000 références de H&M. Ce rythme effréné de production se traduit par l’ajout quotidien de 7 200 nouveaux modèles en moyenne, pouvant atteindre jusqu’à 10 800 articles en une seule journée.

La production massive génère un impact environnemental considérable. Selon l’ONG Les Amis de la Terre, Shein émettrait entre 15 000 et 20 000 tonnes de CO2 quotidiennement. Une étude de Teenage Lab by Pixpay révèle que les achats effectués sur cette plateforme représentent 12% du total de CO2 émis par les adolescents, ce chiffre grimpant à 22% chez les adolescentes. Cette empreinte carbone démesurée s’explique notamment par la courte durée de vie des vêtements, estimée à seulement 65 jours en moyenne.

Le tableau ci-dessous illustre l’impact comparatif de Shein par rapport à d’autres acteurs du textile :

IndicateurSheinMarques fast fashion traditionnellesMarques éco-responsables
Nouveaux modèles/jour7 200300-50050-100
Durée de vie moyenne65 jours2-3 ans5+ ans
Prix moyen d’une robe7-8€25-30€80-120€
Émissions CO2 estiméesTrès élevéesÉlevéesModérées

Les conséquences de ce système s’étendent au-delà du carbone. L’industrie textile, deuxième plus polluante au monde, représente environ 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Si la tendance actuelle persiste, ce chiffre pourrait grimper à 26% d’ici 2050, selon les projections des experts environnementaux.

Les matières toxiques et la pollution des eaux

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Les robes Shein et autres vêtements ultrafast fashion posent un problème environnemental majeur en raison des matériaux utilisés. Le polyester, dérivé du pétrole, constitue la fibre synthétique privilégiée dans ces productions pour sa résistance, son élasticité et sa légèreté. Malheureusement, chaque lavage de ces vêtements synthétiques libère des millions de microfibres plastiques qui finissent leur course dans les océans. Selon l’ADEME, cette pollution équivaut à 50 milliards de bouteilles plastiques chaque année.

L’utilisation du coton dans la fast fashion n’est pas plus écologique. Cette matière, qui occupe 2,5% des surfaces agricoles mondiales, consomme 11% des pesticides utilisés globalement d’après Greenpeace. La fabrication d’un simple jean nécessite environ 7 500 litres d’eau, une ressource précieuse dont la gestion devient critique face au changement climatique.

Plus inquiétant encore, des analyses ont détecté dans certains vêtements vendus par Shein des substances chimiques dangereuses pour la santé comme des phtalates, du formaldéhyde, du cadmium, du baryum, de l’arsenic, du mercure et du plomb. Certains de ces composés toxiques atteignaient des concentrations jusqu’à 20 fois supérieures aux limites autorisées, présentant un risque non négligeable pour les consommateurs et l’environnement.

La teinture textile contribue massivement à la pollution aquatique. L’ADEME estime que près de 20% de la pollution des eaux mondiales provient de cette industrie. Les cours d’eau près des usines textiles, particulièrement en Asie, présentent souvent une coloration anormale et contiennent des niveaux élevés de produits chimiques nocifs qui détruisent les écosystèmes locaux.

Voici les principaux problèmes environnementaux liés aux matières utilisées :

  • Pollution microplastique des océans par les fibres synthétiques
  • Surconsommation d’eau pour la culture du coton
  • Utilisation intensive de pesticides et produits chimiques
  • Contamination des sols et des nappes phréatiques
  • Présence de substances toxiques dans les vêtements finis

Vers une mode plus durable face à l’ultrafast fashion

Face aux dégâts environnementaux causés par l’ultrafast fashion, un mouvement alternatif gagne du terrain : la slow fashion. Ce courant prône une approche plus réfléchie et respectueuse de la production vestimentaire, en tenant compte de l’impact environnemental, du bien-être animal et des conditions de travail des ouvriers du textile. Les marques engagées dans cette démarche privilégient des matières bio-sourcées comme le coton biologique, le lin, le chanvre ou le lyocell, ainsi que les matériaux recyclés.

Les consommateurs semblent de plus en plus sensibles à ces questions. D’après une étude OpinionWay, 82% des Français considèrent désormais la durabilité comme un critère de choix important lors de l’achat de vêtements, et 68% préfèrent investir dans des pièces de qualité plutôt que dans la quantité. Cette prise de conscience collective se traduit notamment par l’essor du marché de la seconde main, avec des plateformes comme Vestiaire Collective ou Vinted qui connaissent un succès grandissant.

Les législateurs commencent également à intervenir. En mars 2024, l’Assemblée nationale française a adopté à l’unanimité une proposition de loi visant à limiter la fast fashion. Ce texte prévoit l’interdiction de la publicité pour les marques concernées et l’instauration d’un « malus » environnemental sur les vêtements à prix cassés. Ce malus pourrait atteindre progressivement 10 euros par produit d’ici 2030, avec un premier palier à 5 euros en 2025, plafonné à 50% du prix de vente.

Pour réduire l’impact écologique de notre garde-robe, plusieurs options s’offrent à nous :

  1. Privilégier la qualité à la quantité en investissant dans des pièces durables
  2. Opter pour des matières naturelles et des certifications éco-responsables
  3. Visiter le marché de la seconde main et les échanges de vêtements
  4. Réparer et transformer nos vêtements pour prolonger leur durée de vie
  5. Soutenir les marques locales engagées dans une démarche éthique

L’avenir du secteur textile dépend de notre capacité collective à repenser notre rapport à la mode. Si l’Accord de Paris fixe l’objectif à 5 vêtements neufs par an et par habitant, nous en sommes encore loin avec plus de 48 vêtements mis sur le marché français par habitant en 2022. La transition vers un modèle plus vertueux nécessitera des efforts conjoints des consommateurs, des entreprises et des pouvoirs publics pour contrer l’impact dévastateur des géants de l’ultrafast fashion sur notre planète.